LES NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION ET LEURS EFFETS DANS LES RAPPORTS DE PRODUCTION
Publié par admin on Juil 27, 2019 | 0 commentaireChapitre 1 de l’avant-dernier livre de Tom Thomas « La face cachée des nouvelles technologies »
Comme c’est leur fonction, et comme ils l’ont toujours fait, les capitalistes n’investissent dans de nouvelles technologies que si elles permettent d’augmenter la production de pl. C’est-à-dire si elles permettent que, dans la valeur produite, la part du surtravail augmente par rapport à celle du travail nécessaire[1].
On ne s’étendra pas sur les moyens les plus évidents qu’ils utilisent pour ce faire, et qui consistent en une baisse directe, brutale des conditions de travail et de vie des masses populaires, en même temps que baissent les impôts et taxes du capital, de sorte qu’il assume de moins en moins une part des dépenses liées aux conditions générales de sa valorisation, c’est-à-dire les dépenses de l’Etat, conservant ainsi pour lui le maximum de pl.
Par contre, nous allons plus particulièrement examiner comment ils développent les NTIC[2]dans le sens de pouvoir les appliquer comme moyens d’augmenter la pl. Pour ce faire, quelques exemples significatifs suffiront.
Il est bien connu que, depuis la fin du 19èmesiècle, les capitalistes ont entamé le long mouvement de transformation des rapports de production qui avait pour but de développer l’extraction de la pl sous sa forme relative en accroissant la productivité du système de production grâce à la démultiplication de la puissance du travail ouvrier au moyen de machines de plus en plus perfectionnées. En même temps, le développement des méthodes « d’organisation scientifique du travail » (OST) prônées notamment par Taylor (décomposition du métier en gestes simples, segmenter le travail en une multitude de travailleurs, chacun occupé à un seul geste précisément chronométré, une chasse perpétuelle aux « temps morts ») permettait d’augmenter l’intensité du travail, et donc l’extraction de la pl sous sa forme absolue[3]. La chaîne fordiste est venue « perfectionner » le système tayloriste en reliant comme un seul mécanisme l’ensemble des tâches, et en imposant la vitesse de la chaîne à tous. Néanmoins chacun pouvait encore déployer quelques ruses pour gagner un peu de temps pour souffler. De plus, l’inégalité des travaux et des temps de travail sur chaque poste, des rigidités d’approvisionnement, d’entretien, etc., faisaient que le procès d’ensemble était encore plein de temps non travaillés ou non directement employés à la fabrication. Par exemple, les études menées dans les années 70 aux USA dans l’industrie automobile avaient abouti à estimer que 25% du temps des ouvriers à la chaîne de montage était perdu du seul fait de l’inégalité des temps de travail entre les différents postes[4].
L’efficacité des machines s’accroissait sans cesse. Et avec elle le travail de la plupart des ouvriers était de plus en plus vidé de ses qualités professionnelles. Les capitalistes ne se sont jamais arrêtés dans leurs efforts frénétiques pour augmenter la productivité du système de production et l’intensité du travail. Par exemple, l’électronique et l’informatique ont permis de développer les machines-outils à commande numérique (MCON) qui ont dégradé la qualité du travail, et la relative autonomie dans leur travail, de la plupart des ouvriers qualifiés, dits aussi « opérateurs » (tourneurs, fraiseurs, régleurs, etc.) qui subsistaient encore. Beaucoup ont été envoyés au chômage ou en pré-retraite, tandis que pour « ceux qui restent des opérateurs […] leur travail n’a plus grand-chose à voir avec l’ancien métier de l’ouvrier qualifié quand il fabriquait une pièce à l’aide de la machine. Il avait alors un certain type de rapport avec le plan à exécuter, avec la pièce, avec la machine qu’il réglait, dont il commandait la vitesse, la mise en route et les arrêts. Il pouvait s’arrêter un peu, discuter avec ses chefs du rythme du travail et des rendements, aller au WC ou parler avec des copains(et aussi perruquer, nda). Maintenant, c’est la machine qui commande ! Fini les temps morts. L’opérateur doit obéir et se plier au rythme du programme, à ses caprices, en surveiller constamment le déroulement, le regard allant des centaines de fois par jour de l’écran à la machine et de la machine à l’écran… »[5]
Puis les robots sont arrivés qui, le plus souvent, n’effectuent encore que des travaux simples et répétitifs auxquels étaient affectés des ouvriers peu qualifiés. Mais les « opérateurs » sont aussi touchés : « ils sont au fur et à mesure remplacés par un seul conducteur de ligne qui surveille plusieurs ilots de robots et n’a plus de lien avec la pièce. »[6]
Arrêtons là ce résumé de quelques transformations marquantes du passé. Il est évidemment extrêmement succinct. C’est que son but n’est pas de raconter cette histoire, mais seulement de faire ressortir, en comparaison, ce que les NTIC apportent, ou pas, de nouveau par rapport aux perfectionnements à la mode capitaliste – des moyens de production qui ont, jusqu’ici, perfectionné la valorisation du capital. Et, on va d’abord pouvoir constater, à travers trois exemples significatifs, dans l’industrie, dans la logistique, et dans le commerce, qu’elles ont été le moyen de transformations des rapports de production allant toujours dans le même sens que celles portées par les innovations technologiques précédentes. Mais quant au résultat en matière de gains de productivité, et donc d’accroissement de pl relative, nous verrons ensuite que c’est autre chose.
Avec les NTIC, il y a la multiplication de toutes sortes de capteurs et de réseaux d’information qui permet le « tout est connecté », et sa fusion avec l’informatique, qui mémorise tout, calcule, dessine, planifie, etc. De sorte que cette fusion permet un système de commandement, d’organisation et de contrôle des flux et des travaux de tous les segments des procès de production et d’échanges, y compris étendus à une échelle mondiale, extrêmement précis et coercitif.
Dans une usine, ce système permet une coordination et un contrôle des différents postes de travail bien plus efficace que ceux de l’ancienne échelle hiérarchique propre à l’antique « fordisme » qui allait du bureau des méthodes jusqu’aux ouvriers en passant par une multitude de « petits chefs ». Tous les postes de travail, hommes et machines, étant connectés, le fonctionnement de chacun d’eux est connu en temps réel, et l’informatique permet de tout planifier et contrôler. Tout, gestes, tâches à effectuer, réglages, approvisionnements, vitesse, qualité, etc., peut être calculé au plus juste avec une grande précision. Les maître mots des dirigeants sont plus que jamais « flux tendus » et « lean production »[7]. Flux tendus : zéro temps morts, égalisation des temps de travail entre les différents postes (zéro temps d’attente, vitesse maximum). Lean production : c’est moins de tout ce qui est coût, moins de travailleurs, moins de stocks, moins de temps pour chaque tâche, moins de frais salariaux, etc. En même temps, et pour parvenir à ces résultats, la coercition est accrue sur chaque travailleur « connecté » et donc surveillé en permanence dans tout ce qu’il fait (ou pas). Mais c’est une coercition qui, outre qu’elle est extrêmement précise et efficace, est aussi un peu mieux tolérée parce qu’elle parait due aux nécessités du progrès technique et de la compétitivité, et parce qu’elle parait ne pas relever de l’arbitraire de petits chefs fiers de leur petite autorité.
Mais le plus efficace et innovant de ce que les NTIC ont favorisé tient à leur rôle dans l’expansion de la mondialisation contemporaine des chaînes de production et de valorisation du capital (rôle qu’elles partagent avec l’abaissement considérable des coûts du transport maritime, notamment grâce au système des containers). Elles permettent en effet, à la fois de définir très précisément des travaux grâce à l’informatique (conception par ordinateur, définition des pièces, programmation des flux, etc.) et de segmenter tout aussi précisément les procès de production grâce à l’interconnexion généralisée qui permet, instantanément, la transmission des données et directives, la coordination, le contrôle, la traçabilité des pièces d’un bout à l’autre du processus menant au produit final. Ainsi une direction centrale peut diriger, faire travailler ensemble des travailleurs éloignés géographiquement. Ainsi donc elle peut développer la sous-traitance[8]et mettre en concurrence les sous-traitants du monde entier pour obtenir les coûts les plus bas, c’est-à-dire mettre en concurrence les prolétaires à l’échelle de la planète. Cet abaissement généralisé des coûts salariaux par le moyen de cette mondialisation a joué un rôle essentiel pour atténuer sensiblement la crise de la valorisation du capital ainsi que pour contrecarrer la hausse des prix des biens de consommation.
Un autre exemple de cette évolution des rapports de production au moyen des NTIC peut être pris dans le secteur de la logistique, dont l’importance s’accroît tant avec la segmentation des procès de production dont nous venons de parler, qu’avec l’expansion du « e-commerce ». Les commandes, les transports, la livraison, toute la chaîne des échanges peut, encore bien mieux qu’avant fonctionner en « flux (hyper) tendus » et « juste à temps » grâce aux NTIC. Les travailleurs y sont actionnés comme de simples rouages mécaniques de ces flux, leurs mouvements étant commandés par les « impulsions » (les ordres) qu’ils reçoivent dans leurs oreilles ou leurs yeux. Un journaliste qui, plus consciencieux que les autres, s’était embauché dans un des gigantesques entrepôts d’où Amazon, la firme emblématique du e-commerce, prépare et dispache les livraisons, décrit ainsi comment les employés y sont transformés en quasi automates[9], recevant par leur casques tout ce qu’ils doivent faire, où son chariot élévateur doit aller, suivant quel trajet optimal, quel paquet il doit saisir et scanner, puis quel autre, le tout dans un temps strictement minuté et contrôlé par tout un appareillage [10]. Il en va de même pour les transporteurs routiers, suivis à la trace en permanence.
Dernier exemple : dans les grandes surfaces commerciales. Déjà le code barre et le scanner ont éliminé le travail des caissières, le rendant quasi automate. De plus le nombre de caissières est calculé de sorte que se forme une file d’attente des clients. Assez longue pour qu’ils manifestent quelque impatience (tacite ou même parfois acrimonieuse) et fassent ainsi pression sur la caissière, pas trop pour qu’ils ne se découragent pas ni d’attendre, ni de revenir dans ce magasin (3 à 5 clients attendant serait le bon chiffre !). D’où aucun temps mort et travail accéléré pour la caissière : flux tendu ! Partout d’ailleurs où il y a encore quelques guichets (Poste SNCF, Services Administratifs, etc.) cette technique est utilisée : la pression vient des « usagers », que la bourgeoisie s’emploie à dresser contre les employés, et du contrôle anonyme par les NTIC, celui du chef est lointain et épisodique.
En attendant que ces tâches, tant dans les entrepôts que les commerces, soient effectuées par des robots – et un individu déjà « robotisé », transformé en automate humain, peut aisément être remplacé par un automate mécanique (pour le capitaliste ce n’est qu’une question de meilleurs profits). Déjà se développent, par exemple, les caisses automatiques (une seule personne surveille alors plusieurs caisses : plus de fatigue physique à faire circuler les paquets d’un côté à l’autre de la caisse, mais beaucoup plus de stress et d’épuisement psychique[11]). Un peu partout d’ailleurs le capital s’emploie à faire effectuer par les clients ou usagers des actes qui l’étaient par des salariés, comme par exemple, prendre dans les rayons, transporter jusqu’à la caisse, payer avec sa carte à un automate, imprimer son titre de transport et le payer via ordinateur, imprimante, smartphone, monter son meuble Ikéa, etc. Les individus et l’usager sont même contraints d’acheter tous ces appareils et de payer leur fonctionnement, sans quoi ils sont comme mis au ban de la société (voire condamnés à des amendes, par les services fiscaux par exemple). Economie de main d’œuvre et plus de chômage d’un côté, consommations obligatoires de l’autre : cherchez l’erreur !
Ceci dit, comparer toutes ces transformations des rapports de production permises par les NTIC à celles qui ont jalonné le développement du MPC depuis ses origines, amène à constater qu’elles ne sont que la poursuite, le développement, l’accélération du mouvement historique du capital. A première vue en effet, rien de bien nouveau quant au fond[12] : dans le MPC les forces productives, la mécanisation ne sont développées qu’en dépouillant toujours davantage les prolétaires de toute propriété, possession, maîtrise sur les moyens de leur travail, qu’en les soumettant à une coercition toujours plus intense, qu’en accroissant sans cesse les écarts de richesse entre les classes. C’est-à-dire qu’elles n’ont été développées que dans la mesure où cela permettait une évolution des rapports de production qui augmentait la production de pl, et tout particulièrement par le moyen des gains de productivité (extraction de la pl sous sa forme relative[13]), moyen le plus adéquat à un développement quelque peu durable de la valorisation du capital. Mais nous verrons au chapitre 3 qu’en réalité il y a du nouveau en ceci : avec les NTIC, ce schéma fonctionne de moins en moins, et même ne fonctionne plus (sinon épisodiquement et parcimonieusement).
Auparavant, il est intéressant d’examiner encore un dernier exemple concret qui est assez caractéristique des transformations des rapports de production permises grâce aux NTIC : le développement de micro-entreprises et d’emplois « ubérisés ».
Les micros-entrepreneurs, ou auto-entrepreneurs, sont passés, en France, de 310.600 en 2009 à 1.072.000 à fin 2016[14]. Dans l’Union Européenne, 30,6 millions de personnes le sont en 2016, soit 14% de la population active[15]. Les NTIC ont puissamment contribué à la rapide extension de ce phénomène en permettant des liaisons précises et immédiates entre les donneurs d’ordre et les individus micro-entrepreneurs qui sont leurs sous-traitants occasionnels, ainsi que la démultiplication de « plateformes » type Deliveroo, Mechanical Turk (Amazon), Uber, etc., auxquelles sont rattachés de nombreux auto-entrepreneurs soi-disant indépendants. Dans ce domaine, l’hypocrisie des capitalistes atteint un sommet : l’auto-entrepreneur exercerait un travail « pour soi », exercé en toute liberté, à son rythme, selon ses besoins, sa créativité, etc.[16]
La réalité est évidemment toute différente. En 2013, en France, les micros-entrepreneurs gagnaient en moyenne 410 euros mensuels (moins que le RSA !). « Plus d’un sur quatre touche moins de 70 euros par mois et la moitié moins de 240 euros »[17]. Les plateformes s’exonèrent de toutes charges sociales (excellent pour leurs profits) : elles ne paient aucune assurance maladie, aucun congé payé, aucune assurance chômage, aucune cotisation retraite, etc. Tout est à la charge de « l’entrepreneur libre », y compris de financer lui-même ses outils de travail (voiture, ordinateur, ou autres). Il paie à la plateforme le coût du service rendu (lui fournir un client) plus le profit qu’elle empoche, tout en devant se plier à toute une série de contraintes fixées par elle, minutieusement détaillées, sur la façon d’exercer son travail. Bien évidemment, il s’agit en fait de « nouvelles formes d’exploitation et de servilité. Ces travailleurs sont très majoritairement issus des classes populaires […] tandis que les administrateurs et les clients appartiennent surtout aux classes supérieures… »[18]Le système de ces plateformes type Uber est fondé sur l’inversion juridique, purement formelle, du rapport de production réel. Le travailleur « ubérisé » est juridiquement considéré comme un entrepreneur indépendant passant un contrat avec un fournisseur de clients. Ce n’est bien sûr qu’un grossier camouflage du rapport réel qui est celui de l’entière domination de la plateforme sur ce travailleur et d’une exploitation du travail d’autrui s’exonérant de toutes les contraintes et charges financières, encore plus ou moins subsistantes, quoique de moins en moins, du rapport salarial.
Bref, avec les NTIC et les auto-entrepreneurs, le capital parvient à opérer non seulement une dégradation du rapport salarial, mais aussi sa suppression formelle, juridique. Reste, dans le rapport réel, tous les éléments de ce rapport : domination, exploitation, coercition, etc. Reste une sorte de travail à la tâche, où le travailleur, individu isolé, mis en concurrence permanente avec des milliers d’autres par la grâce d’Internet, n’est plus que payé au coup par coup, pour des « missions » (la fourniture de prestations, de résultats préalablement définis) de caractère temporaire, parfois même de quelques heures seulement, et renouvelables au gré des besoins des donneurs d’ordre.
Reste à voir maintenant si toutes ces transformations des rapports de production permises par les NTIC produisent les effets qu’en attendent les capitalistes, et surtout leur maître, Le Capital.
[1]Rappelons que cette valeur V se décompose en V = Cc + Cv + pl, ou Cc (capital constant) représente la valeur du travail passé (quantité de travail contenue dans les bâtiments, la machinerie et ses approvisionnements), Cv, la valeur de la force de travail (travail nécessaire : la quantité de leur travail qui est nécessaire aux travailleurs pour reproduire leur force de travail et qui leur revient sous forme de salaires), et pl, la plus-value (surtravailquantité de travail fournie par les travailleurs et qui revient au capital lors de la vente, grossissant le capital engagé A= Cc + Cv).
[2]Encore plus « révolutionnaires » dans l’avenir, seraient les NBIC : nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives.
[3]Pour un commentaire sur pl relative et pl absolue, et notamment pour comprendre pourquoi les gains de productivité (pl relative) sont le moyen essentiel de la valorisation du capital, voir annexe.
[4]Cf. TT 1988, p.47.
[5]Michel Kamps (ouvrier câbleur), Ouvriers et Robots, éd. Spartacus, 1983.
[6]Enquête à l’usine Valeo d’Etaples, Libération 21.02.2018.
[7]Lean : maigre ; lean production : économiser sur tout.
[8]Cf. TT 2003.
[9]Ils sont en voie d’être rapidement presque tous remplacés par de vrais robots.
[10]Cf. J.B. Malet, En Amazonie, Infiltré dans le meilleur des mondes, éd. Fayard 2013. Depuis, on apprend (février 2018) qu’Amazon a déposé un brevet pour un bracelet qui, fixé au poignet de l’employé, indiquerait tout, à chaque instant, de ce qu’il fait, où il est (heureusement il ne serait pas encore capable de dire à quoi il pense). Il lui dicterait même la bonne position de ses mains sur le colis !
[11]« Burn out » pour les snobs.
[12]Cf. TT 1988.
[13]Cf. annexe.
[14]Ils sont 4,7 millions au Royaume Uni en 2016, un tiers de la population active aux USA, (Cahiers Français n°398, mai-juin 2017, p.6).
[15]Le Monde Diplomatique, décembre 2017, p.18.
[16]Hervé Novelli, du gouvernement Fillon, fanfaronnait en 2009 : « Il n’y a plus d’exploiteurs et d’exploités. Seulement des entrepreneurs : Marx doit s’en retourner dans sa tombe. » Le Monde diplomatique, décembre 2017.
[17]Le Monde Diplomatique, décembre 2017, p.18.
[18]Cahiers Français n°398, mai-juin 2017, p.6.